**Editions réalisée dans le cadre de l'exposition Bac à Sable à Arles pendant été indien(s) du 18 au 28 septembre 2019**  
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Un paysage n'est jamais neutre. Un territoire non plus. Ils sont le résultat de constructions et de choix répondant à des nécessités spécifiques. Penser un espace, le remarquer, revient à le déterminer. Et cela nous amène inévitablement à structurer nos réalités. Sans jamais pouvoir s'arrêter, nous ne cessons de les systématiser afin de les aménager. L'exposition Bac à Sable, souhaite être le lieu des remises en doute de nos structures collectives et personnelles afin de mieux repenser ces espaces.  
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Avec des oeuvres de : Bianca Argimon / Grégoire d'Ablon / Nicolas Boulard / Pierre de Fenoÿl / Matt Frenot / Célia Hay / Matthieu Lor / Caroline le Mehauté / Josèfa Ntjam / Géraud Soulhiol / Nguyen Trinh Thi / Guim Tio

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Bac à sable

Département des sculptures, appelée ainsi en hommage à l’artiste belge Marcel Broodthaers, transforme de simples sculptures décoratives de jardin aux allures de statues de marbre antiques, en vértiables oeuvres. Cette série de posters risographiques s’inspire des codes de l’inventaire muséal pour brouiller les pistes sur la valeur et l’origine de ces objets, réveillant une énième fois la question de statut de l’oeuvre d’art.

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Département des sculptures

Dans 1984, Orwell avait anticipé la figure métaphorique de Big Brother – celle d’un régime totalitaire et d’une société de la surveillance – mais n’avait pas imaginé qu’avec le selfie et les réseaux sociaux, nous entrerions dans une nouvelle ère conditionnée ; celle d’une société de l’auto-surveillance.  
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Posez-vous la question : sur combien de photos figurez-vous à votre insu, sans le savoir, sans vous en douter ? Etes-vous aussi dans le viseur global ? Avec le selfie, certains vont jusqu’à parler d’art, mais où s’arrête la condition artistique ? Au fond, faut-il être narcissique pour être artiste ?  
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C’est toutes ces questions que pose l’artiste Eugène Blove au travers d’anti-selfies ; des selfies dont il n’est ni le manipulateur ni l’acteur. Photos d’inconnus, photos aléatoires et aléas modernes. Partout ce même homme en arrière plan. Où est la supercherie ?  
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Nulle part, partout, puisque la collecte fût rendue possible grâce à la collaboration involontaire – ironie de l’oeuvre – de ce fameux réseau social ; ses algorithmes minutieusement piratés par des hackeurs chevronnés auxquels l’artiste a fait appel.  
Selfless, plus qu’une référence au livre Selfish de Kim Kardashian, est un projet insurrectionnel et anticipatif qui révèle le propre piège que nous nous tendons.  
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Selfless est un trou dans le vide.

In his novel Nineteen Eighty-Four, George Orwell had anticipated the metaphorical character of Big Brother, symbol of both authoritarianism and the omnipresent surveillance of a society. However, what he could not foresee was that fiction would eventually exceed reality as social networks and selfies have led us to a conditioned era run by a society of auto-surveillance.  
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Ask yourself : how many photographs do you appear in, without even being aware of it ? Some goes as far as to claim that selfie is art : where does the artistic condition stop ? Does being an artist essentially require narcissism? Artist Eugène Blove raises all these questions through the use of anti-selfies : selfies of which he is neither the author nor the subject. Photographs of anonymous people, random photographs, modern contingency. The same man, in the background, in every single photograph. Where is the deception ?   
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Nowhere and everywhere at the same time since the unintentional collaboration of this peculiar social network made this collection possible — Blove called upon some accomplished people to hack into its system.  
More than just a reference to Kim Kardashian’s Selfish, Selfless is an anticipating insurrectionary project which reveals the trap we are laying for ourselves.  
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Selfless is a hole in the void.

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Selfless

Le 22 avril 1970, centenaire de la naissance de Lénine, est posée dans la péninsule de Kola, aux confins de l’URSS, la première pierre du site où l’on allait creuser, durant presque 20 ans, le trou le plus profond au monde. Si les découvertes scientifiques sont à la mesure de l’exploit, le site du Kola Superdeep Borehole donnera également lieu à une légende urbaine qui se propagera d’abord dans les milieux évangélistes américains au début des années 90, pour aujourd’hui se disséminer dans le monde virtuel des complotistes. Documentant à la fois la démarche scientifique originelle et la légende du Well to Hell, mêlées en format pleine page et vignette, les images sont toutes issues du web. La qualité pauvre des images compressées traduit le brouillage des faits, la dilution de la vérité dans la fiction, tout comme la chorale de textes énonçant autant de bribes de faits alternatifs.

On April 22, 1970, the centenary of Lenin's birth, the foundation stone was laid in the Kola Peninsula, on the edges of the USSR, where the deepest hole in the world were going to be drilled. If the scientific discoveries are commensurate with the feat, the site of the Kola Superdeep Borehole will also give rise to an urban legend that will first spread in American evangelical circles in the early 90s, to today spread throughout the virtual world of conspirators. Documenting both the original scientific approach and the legend of Well to Hell, mixed in full page and thumbnail format, the images are all from the web. The poor quality of the compressed images translates the scrambling of the facts, the dilution of the truth in the fiction, just like the choir of texts stating so many snatches of alternative facts.

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Echoes from the dephts

« 2019 a été une année intense, à l’intersection de
nombreux mouvements déclenchés par des citoyen·n·es du
monde entier, y compris à Paris où la plupart de ces photos ont
été prises. Pour certain·e·s, c’était un moment de grands espoirs,
d’émancipation des corps et des esprits et pour d’autres le début
d’un effondrement massif. Dans le même temps, la diffusion
des fake news et des idéologies polarisées s’est accélérée
comme jamais auparavant. Printemps Vivant est le résultat de
diverses explorations pendant des manifestations, des fêtes ou
au hasard de déambulations. Mais toujours loin de l’étouffement
provoqué par les réseaux sociaux. L’appareil photo est ainsi l’objet
de médiation par lequel je suis entré en conjonction avec des
inconnu·e·s, des plantes, des objets dans une approche d’autant
plus concentrée et sensible à l’intensité de vie qui en émane. »
Maxime Guedaly

"2019 was an intense year, at the intersection of numerous movements triggered by citizens around the world, including in Paris where most of these photos were taken. For some, it was a moment of great hope, of emancipation of bodies and minds, and for others, the beginning of a massive collapse. At the same time, the spread of fake news and polarized ideologies accelerated like never before. 'Printemps Vivant' is the result of various explorations during protests, celebrations, or random wanderings. But always far from the suffocation caused by social networks. The camera is thus the mediating object through which I connected with strangers, plants, and objects in an approach even more focused and sensitive to the intensity of life emanating from them." - Maxime Guedaly

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Printemps vivant

A la recherche de corps en transe, dans un état d'abandon total à la danse et au simple plaisir d'être, j'ai cherché à agir en chasseur invisible. Pour cela, j'ai transformé un appareil numérique afin qu'il ne soit sensible qu'aux longueurs d’onde correspondant à l’infrarouge. J'utilise un éclairage du même type, agissant comme un flash invisible à l'œil humain. Les sujets se révèlent alors dans des moments d’abandon, loin d’une quelconque mise en scène, et offrent au regardeur des portraits de l’oubli de soi.

In the series “Infra-”, I’m using a digital transformed camera – the low-pass filter on the sensor has been removed so the camera is sensible to infrared. In the complete night of dancing parties, I enlighten my subjects by using an infrared led panel, invisible to the human eye but visible to the camera, allowing me to act discreetly. The subjects then reveal themselves in moments of abandonment, far from any staging, and offer the viewer portraits of selflessness - «non-portraits».

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Infra-

En 2010, Camille Léage commence à photographier en arpentant les rues des quartiers périphériques du Nord-Est de Paris. Au cours de ses déambulations dans les 18e, 19e et 20e arrondissements, elle définit un protocole pour observer différemment sa ville. Durant dix ans, elle rapporte des scènes qui témoignent de la diversité humaine et architecturale de ce territoire et donne à voir une autre image de Paris, loin des clichés de la ville lumière ou des quartiers dits sensibles. Tout au long de cette recherche, Camille Léage mène une réflexion sur comment mieux habiter la ville. Elle soulève des questions sur la mixité entre les communautés, le partage de l’espace public et l’utilité d’actions « inutiles ». Sa photographie s’accompagne d’une série de cartes postales illustrées, enrichies d’un essai de Taous Dahmani (historienne de la photographie) et de deux entretiens avec Solo (cofondateur du groupe de rap Assassin), et Pascale Lapalud et Chris Blache (créatrices de la plateforme Genre et Ville).  
  

In 2010, Camille Léage began photographing by wandering through the streets of the peripheral neighborhoods in the Northeast of Paris. During her strolls in the 18th, 19th, and 20th arrondissements, she established a protocol to observe her city from a different perspective. Over the course of ten years, she captured scenes that bear witness to the human and architectural diversity of this territory, offering a different image of Paris, far from the clichés of the City of Light or so-called sensitive neighborhoods. Throughout this exploration, Camille Léage reflects on how to inhabit the city better. She raises questions about the mix of communities, the sharing of public space, and the usefulness of "useless" actions. Her photography is complemented by a series of illustrated postcards, enriched with an essay by Taous Dahmani (historian of photography) and two interviews with Solo (co-founder of the rap group Assassin), and Pascale Lapalud and Chris Blache (creators of the Gender and City platform).
  
  


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Bus 60

"Ces images ne sont ni fenêtres, ni miroirs. Elles n’ouvrent pas sur un espace extérieur ; à peine perceptibles, on cherche à voir, non une sensation, un sentiment, une introspection : quinze versets visuels pour tromper l’ennui, conjurer le sort, le phlegme, la gueule-de-bois, la chance, la déprime, les aléas, le non-dit, les paris, les démons de la nuit, la maladie, peut-être la mort, comme des incantations impromptues."
Antonio Guzman  
  
Impossible de ne rien faire durant cette convalescence. Dormir, dix-huit heures, par journée, par épisodes, pour récupérer de l’énergie. Assommé par les médicaments et par le virus. Besoin de faire quelque chose de cette quarantaine forcée. Photographier, sans sujet, sans regard, sans stratégie. Choisir et ne pas choisir, choisir de ne pas intervenir. Faire des images pour guérir. 21 octobre 2017






"These images are neither windows nor mirrors. They do not open onto an exterior space. Being scarcely perceptible, we try to see, not a sensation, but an emotion, an introspection: fifteen visual verses to outwit boredom, to break the spell, to ward off indifference, a hangover, fate, depression, randomness, the unspoken, bets, night-time demons, illness and perhaps death, like impromptu incantations."
Antonio Guzman  
  
Impossible to do nothing during this convalescence. Sleeping eighteen hours a day, in phases, to recuperate energy. Feeling groggy from the medicines and the virus. Need to do something during this forced quarantine. Taking photos with no subject matter, vision, or strategy. Choosing and making no choices, choosing not to intervene. Creating images to get better. 21 October 2017.

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Photographic fields

Voilà s’inscrit dans un processus visant à limiter les outils
et matériaux nécessaires à la création à partir d’un protocole dit « d’incertitude » :
Choisir un matériau.
Opérer une transformation éphémère et non préméditée.
Archiver l’expérience.
Ce protocole étant par essence libre de droit,
toute personne
souhaitant l’utiliser à des fins artistiques n’aurait
à répondre qu’à elle-même.
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Les Polaroïds de la série Voilà ont été réalisés par Rodrigue de Ferluc entre 2017 et 2021. Ils sont ici reproduits dans leur format original.
Le marque-page accompagnant cet ouvrage renvoie à 32 pistes sonores composées et enregistrées à Caen en mars 2022 par Grand 8. Lors de cette résidence, le duo de musiciens a interprété le protocole d’incertitude pour se fixer ses propres contraintes de création.

"Voilà" is part of a process aiming to limit the tools and materials necessary for creation based on a protocol known as "uncertainty":

Choose a material.
Carry out a transient and unplanned transformation.
Archive the experience.
This protocol, being inherently open-source, allows anyone wishing to use it for artistic purposes to be answerable only to themselves.

The Polaroids in the "Voilà" series were created by Rodrigue de Ferluc between 2017 and 2021. They are reproduced here in their original format.

The bookmark accompanying this work refers to 32 soundtracks composed and recorded in Caen in March 2022 by Grand 8. During this residency, the music duo interpreted the uncertainty protocol to establish their own creative constraints.

Classe moyenne éditions

Qui sommes nous?

Bac à sable
Margaux Bonopera & Matt Frenot ed.

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